Au Burundi, le tambour – appelé ingoma en kirundi – occupe une place centrale dans la culture et l’histoire du pays. Bien plus qu’un simple instrument de musique, il représente une mémoire vivante, un vecteur d’identité nationale et un objet sacré. Chaque partie qui le compose est chargée de sens, souvent liée à la symbolique de la vie et de la communauté. Une Fabrication Chargée de Symboles
Fabriqué à partir d’un tronc évidé et recouvert d’une peau de vache tendue, le tambour burundais est le fruit d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. Chaque composant possède une signification précise, qui témoigne de l’ancrage culturel profond de cet instrument.
Inda y’ingoma (le ventre du tambour) : Partie creuse du tambour, c’est là que résonne le son. Elle est souvent comparée au ventre maternel, symbole de fertilité et de vie.
Icahi (la peau) : Tendue sur le dessus, cette peau de vache est l’élément principal de percussion. Quand elle se fissure, les tambourinaires utilisent une expression symbolique : “Ingoma iravyaye” (« le tambour a accouché »), renforçant le lien entre l’instrument et la maternité.
Mu bwami bw’ingoma (le royaume du tambour) : c’est la partie au milieu de la peau qui couvre la partie creuse du tambour. Quand on bat le tambour avec les deux baguettes en bois qu’on appelle «imirisho y’ingoma», les poils qui étaient sur cette partie disparaissent et la peau devient lisse.
Mu kibenga (l’abysse) : Zone autour du centre percuté, qui contribue à l’harmonie sonore. Elle agit comme un cercle de résonance.
Uruhanga rw’ingoma (le front du tambour) : Partie périphérique de la peau, complétant l’équilibre acoustique, elle évoque les contours d’un visage humain.
Amabere y’ingoma (les seins du tambour) : Petites chevilles ou tiges de bois qui maintiennent la peau tendue. Elles symbolisent la capacité nourricière et rappellent la fonction vitale de la mère.
Umukaba / Umukenyerero (la ceinture du tambour) : Bande sombre située près de la base du tambour. Elle fait écho à la ceinture traditionnelle féminine, évoquant élégance et solidité.
Umukondo w’ingoma (le nombril) : Partie inférieure, sur laquelle repose le tambour. Elle symbolise l’origine et l’ancrage de l’instrument dans la terre.
Un Héritage Culturel Transmis avec Respect
Historiquement, le jeu du tambour était réservé aux hommes, considérés comme les dépositaires de cette tradition royale transmise depuis le règne de Ntare Rushatsi, premier roi du Burundi. Les femmes, bien que participantes actives dans les danses et cérémonies, n’étaient pas autorisées à fabriquer ni jouer du tambour. Cette règle, encore présente dans certaines communautés, fait aujourd’hui l’objet de discussions, notamment à travers les débats contemporains sur l’égalité des genres et l’évolution des pratiques culturelles.
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